En 1987, Yamaha a commercialisé la série Limited Centennial Edition 1887 - 1987 composée des éléments CX-10000, MX-10000, CDX-10000, HX-10000, NSX-10000, (pré-amplificateur, amplificateur, lecteur CD, pré-ampli phono et enceintes) en l’honneur du centenaire de la marque japonaise.
Le Yamaha CDX-10000 montré dans cet article est représentatif de la famille des "Monster players" de la fin des années 1980 / début des années 1990. Avec ses plus de 25 kg, il est un peu la réponse de Yamaha à Technics avec ses SL-P1200 et SL-P1300. En effet, on retrouve quelques similitudes entre ces appareils, telles que les solutions mécaniques employées, les deux transformateurs d’alimentation, ou encore les convertisseurs N/A identiques PCM56P (SL-P1300). Cependant, bien que d’apparence moins luxueuse, les Technics me semblent plus aboutis, grâce entre autres à un alignement électrique beaucoup moins complexe et une accessibilité somme toute bien meilleure en cas de maintenance. Il faut malheureusement regarder vers le (plus rare) SL-P1300 pour bénéficier de la sortie numérique, présente sur le CDX-10000. Il existe bien évidemment beaucoup d’autres machines tout aussi impressionnantes chez Sony, Marantz, Denon, Onkyo ou encore Kenwood.
Pour en venir aux faits, je viens de remettre en état un CDX-10000 à peine sorti d’une longue période d’hibernation dans des conditions peu adaptées à ce genre de matériel.
L’examen approfondi de cet exemplaire importé du Japon il y a plusieurs années m’a permis de constater que l’ancien propriétaire avait tenté une remise en état avant d’abandonner et de mettre l’appareil en vente. Symptôme annoncé par son propriétaire actuel : le tiroir ne s’ouvre pas.
Voici deux photos de l’appareil lorsqu’il a atterri sur mon établi :
Le coffret était taché par l’humidité mais hormis quelques légères traces d’usure par endroits, le lecteur est globalement en bon état extérieurement.
L’intérieur était moins enthousiasmant : l’humidité a fait son œuvre et toutes les parties en caoutchouc étaient décomposées, courroies et rouleaux assurant les mouvements de tiroir plus exactement. En ce qui concerne les rouleaux, il s’agit de 10 pièces qui suspendent entièrement le lourd tiroir. 4 sont montés sous celui-ci, 2 sur le dessus, et 4 autres pincent le côté droit à la manière d’un rail de guidage.
L’image suivante montre les dégâts :
Impossible de tester davantage le lecteur dans ces conditions. Aussi, dans un premier temps, je me suis attelé à adapter de nouveaux rouleaux et à changer les courroies, après un long et fastidieux nettoyage de la mécanique fortement couverte de caoutchouc décomposé.
Lors du démontage, j’ai pu constater d’autres dégâts sur les pièces mécaniques : une poulie endommagée, la vis de réglage du "Tilt" du bloc optique maltraitée, et plus grave, la casse d’une attache du rail permettant au bloc optique de coulisser, casse ayant entraîné l’immobilisation du bloc optique sous le plateau du moteur disque. Après avoir retiré le bloc optique, j’ai constaté qu’un tiers avait limé la partie plastique située sur le bâti mécanique à l’avant du bloc optique, et que des rondelles métalliques avaient été ajoutées sur le rail de guidage, probablement afin de modifier la course du bloc optique. J’aurai l’explication plus tard en avançant dans la remise en état.
Voici ces défauts en images :
Voici chronologiquement les photos de la remise en état de la partie mécanique (commentaire sous chaque photo agrandie) :
Extraction de la mécanique et découverte des dégâts
Préparation au lavage
Nettoyage, suite
Nettoyage, suite
Remontage
Remontage
Nettoyage optique
La mécanique remontée
Les premiers essais m’ont révélé plusieurs anomalies : le signal RF était présent mais assez brouillé et non synchronisé. En première approche, le signal indiquait un défaut de verrouillage de la PLL empêchant ainsi l’asservissement de vitesse du moteur disque, d’où cet effet de va et vient horizontal du signal RF. En y regardant de plus près, il semblait que le bloc optique ne parvenait pas à lire la zone de Lead in du disque pour accéder à la TOC. Ces constatations expliquaient les traces de tentative de réparation antérieure remarquées précédemment : l’intervenant avait probablement essayé de modifier la mécanique de tracking (coups de lime et ajout de rondelles) jugeant que le bloc optique ne parvenait pas à se positionner correctement pour lire la table des matières du disque. En effet, en forçant manuellement sur le bloc optique, je suis parvenu (difficilement) à afficher le nombre de morceaux et le temps du disque. Ensuite, le deuxième morceau était lu lorsque je l’appelais via les touches de sélection directe. En revanche, impossible d’obtenir l’initialisation automatiquement.
Partant de ces constatations et avant de me pencher sur le problème de positionnement du bloc en début de disque, j’ai tenté d’améliorer le signal RF en agissant sur quelques réglages habituels. Sans succès car la plupart des trimmers situés sur la carte Servo étaient totalement bloqués et cassants.
Pour couronner le tout, une mesure de la puissance laser m’a indiqué que le bloc optique était en fin de vie.
Concernant le problème d’initialisation mécanique, ce lecteur est équipé de réglages de vitesse de fin de course interne et externe du bloc optique, réglages qui doivent être précisément affinés pour permettre au faisceau laser d’accéder à la zone de Lead in au démarrage. Pour vérifier ces réglages, l’ensemble des trimmers devaient être remplacés.
Ainsi j’ai entrepris les opérations suivantes :
- Recapage des cartes Servo et Alimentation
- Remplacement des trimmers
- Remplacement du bloc optique et alignement complet
La carte Servo rafraichie
Remplacement des condensateurs électrolytiques aluminium sur la carte d’alimentation
Suite à ces opérations, le signal RF était bien ouvert et d’amplitude maximale, la puissance laser conforme, et l’alignement complet était rendu possible.
À suivre, quelques photos prises pendant l’alignement électrique :
L’appareil est initialisé en mode service (touche Cancel + Power on). Sur cette image, quelques réglages tels que Tracking Offset, réglages de vitesse de tracking ou encore DAC Offset
La maintenance est assez peu pratique sur ce lecteur. L’accès aux résistances variables permettant l’alignement électrique nécessite de retirer la plaque frontale du lecteur puisque le constructeur n’a pas prévu d’orifices pour accéder aux différents réglages. Des fils doivent être soudés sous la carte Servo, ce qui ne facilite pas non plus la prise de mesures. Le lecteur est néanmoins parfaitement aligné et son fonctionnement est conforme aux caractéristiques d’origine.
Un alignement électrique parfait
Pour faciliter une éventuelle intervention future, j’ai modifié légèrement la plaque frontale afin de permettre l’accès aux réglages sans avoir à la retirer :
La procédure d’alignement du CDX-10000 fournie par le Service Manual est très complexe. Comme souvent, il est possible d’arriver à un résultat très satisfaisant sans appliquer la méthodologie du constructeur, méthodologie qui implique de posséder divers outils souvent introuvables. Le filtre externe spécifique permettant de parfaire l’alignement est clairement décrit par la notice technique dans le cas de ce lecteur. Aussi, j’ai décidé de préparer cet outil afin de comparer l’alignement constructeur avec l’alignement obtenu de manière empirique, les ajustables étant devenus accessibles sans plus de démontage. Sans gâcher le suspens, le résultat par suivi de la procédure constructeur avec disque test Sony Yeds s’est révélé moins satisfaisant (temps d’accès plus longs, difficultés à lire la TOC, etc). J’ai procédé à un nouvel alignement "maison" après cette expérience.
La procédure constructeur consiste à souder tous les fils sur les différents points de mesures, puis à effectuer les réglages dans un ordre précis :
Certains réglages sont normalement facilités par la procédure constructeur, tels que les réglages de gains d’amplificateurs d’erreur de suivi de piste et de focalisation. Les images suivantes montrent ces étapes :
Réglage de gain d’amplificateur d’erreur de focalisation : injection d’un signal sinusoïdal de 800 Hz / 4,5 Veff et deux mesures simultanées effectuées avec l’asservissement de focalisation enclenché. Un écart de gain de 10 dB doit être approché
Réglage de gain d’amplificateur d’erreur de suivi de piste : injection d’un signal sinusoïdal de 800 Hz / 100 mVeff et deux mesures simultanées effectuées avec l’asservissement de suivi de piste enclenché. Un écart de gain de 15 dB doit être approché
Réglage de tracking Offset : l’offset est mesuré aux bornes de la bobine de tracking
L’étape suivante a consisté à s’occuper des parties esthétiques : lustrage de la connectique arrière, retrait des traces de goudron un peu partout sur l’appareil (et sur le carrelage...) nettoyage du coffret et des cotés en bois verni, démontage de la face avant avec remplacement du condensateur de backup et de la pile au lithium.
Si besoin était, ce genre de réparation montre à nouveau qu’il est impossible d’évaluer à distance la faisabilité et/ou la quantité de travail à effectuer pour remettre un lecteur CD en état. Pour preuve, le symptôme réel annoncé pour ce Yamaha (tiroir bloqué) ne révélait en rien les surprises que renfermait ce lecteur. Dans bien des cas, pour savoir si un lecteur CD ancien est réparable...il faut intervenir dessus en profondeur sans négliger aucune étape. Des défauts de lecture peuvent avoir comme origine un bloc optique usé, un bloc optique encrassé, un alignement électrique imparfait (fréquent), un moteur fatigué ou grippé, des condensateurs en fin de vie, des soudures cassées, des pièces mobiles encrassées, usées, collées ou cassées, des courroies à remplacer, des trimmers HS, etc. Si le plaisir d’aboutir est grand, la déception l’est autant lorsqu’on a passé des heures à remettre à niveau tous ces éléments sans arriver au résultat souhaité. Je pense que ce côté aléatoire est typique de la maintenance des lecteurs CD.
Une remise en état telle que celle présentée sur cette page m’a occupé pendant environ 25 heures en temps cumulé. Encore une fois, le temps nécessaire pour bien faire les choses.
Le remontage partiel, avec le double fond en partie responsable du poids de la machine :
Voici quelques photos du lecteur Yamaha CDX-10000 en fonctionnement. Les changements de plages sont aussi rapides que sur un lecteur équipé de la mécanique Sony BU1.

Il y a quelques mois, j’ai reçu un lecteur Naim CD3 mal en point, passé entre les mains d’un réparateur, après que le propriétaire s’est emmêlé les pinceaux en voulant remplacer les condensateurs électrochimiques. Ce modèle date de 1995 et est équipé d’une mécanique Philips CDM9.
Premières constatations : sorties du transformateur d’alimentation dessoudées et fonctionnement erratique après correction de ce détail. À la mise sous tension, le laser était allumé en permanence et le bras de lecture tapait assez violemment en butée intérieure.
J’ai commencé par remplacer un régulateur de tension ajustable LM317 en surconsommation, sans changement. Un contrôle en signature du décodeur "tout-en-un" SAA7310 m’a indiqué un défaut sur la broche 28 (Alim, VDD) du composant. Une mesure conforme des composants de découplage reliés à cette broche m’a confirmé que le décodeur était bien en défaut.
Suite au prélèvement et à la pose d’un SAA7310 récupéré sur un autre lecteur épave, le lecteur a retrouvé un fonctionnement normal.
Essais fonctionnels et vue de la carte principale
Tests audio avec disque test et CD-DA
Réparation validée et lecteur emballé