Le Onkyo DX-5 est le premier lecteur CD conçu et commercialisé par la marque japonaise en 1982, assez faiblement diffusé et rapidement remplacé par le DX-30 / DX-300 au milieu de l’année 1983. Avec ses 14,3 kg, il s’agit du lecteur de première génération le plus lourd, toutes marques confondues.
Côté technologie, on retrouve globalement les mêmes éléments spécifiques que ceux utilisés dans une grande partie des premiers lecteurs CD : chipset numérique (CX7933/7934/7935 idem CDP-101) / DAC 16 bit (CX20017) Sony, et bloc optique Olympus TAOHS-L. L’électronique est étalée sur 4 cartes principales, deux accessibles par le dessus de l’appareil (carte Servo et carte CPU), et deux fixées "tête en bas"sous le lecteur (carte d’alimentation et carte Digital). Cette implantation plutôt dense s’explique par le peu de circuits intégrés disponibles dédiés à la technologie du format Compact Disc lors de l’étude du DX-5, si on fait abstraction du chipset pour le traitement des données du disque sans lequel le format Compact Disc n’aurait évidemment pas vu le jour. Ici, pas de circuit intégré dédié à l’amplification HF, ni de circuit de mise en forme EFM, ni de Servo Amp. ; tous ces étages sont construits autour de composants discrets et de circuits logiques, à l’image de la carte d’asservissement mécanique / optique (Servo board) si on excepte le HA1394, interface de puissance pour les mouvements de tiroir et de chariot (déplacement du bloc optique).
L’alimentation du DX-5 est largement dimensionnée afin de pouvoir fournir le courant nécessaire aux déplacements des différents éléments mécanique, notamment le lourd tiroir à l’extrémité duquel est fixée une plaque de verre de 8 mm d’épaisseur, l’impressionnant mécanisme du presse-disque ou encore l’ensemble optique monté sur un imposant bâti en métal moulé. Le circuit APC pour le contrôle de la puissance laser émise est également greffé sur la carte d’alimentation.
La carte CPU embarque quatre circuits d’interface E/S parallèles programmables (PPI) Nec D8255 (clone Intel 8255) associés aux deux microprocesseurs 8-bit Nec D780-1 (Zilog Z80A), deux UVEPROM et deux RAM Hitachi HM6116P. On observe cette topologie informatique sur carte dédiée de type micro-ordinateur et directement issue du prototypage sur plusieurs lecteurs japonais parmi les plus anciens comme les Nec CD803 et 705, le Mitsubishi DP-101 ou encore le Technics SL-P10. D’autres lecteurs de première génération, ainsi que l’ensemble des lecteurs suivant ces premières séries, sont équipés de microcontrôleurs (dont les coûts de fabrication ont rapidement diminué) permettant une réduction significative du nombre de composants. Il s’agit par exemple du microcontrôleur 4-bit de type Toshiba TLCS-47N (technologie NMOS) installé dès 1982 dans le lecteur Toshiba XR-Z90, du Fujitsu MB8841 (MCU 4-bit) dans le Sony CDP-101, du Signetics MAB8441 (MCU 8-bit) dans les premiers Philips ou du Hitachi HD44801 (MCU 8-bit) dans le lecteur Hitachi DA-1000 pour ne citer que ceux-là, souvent au nombre de 2 voire 3 par lecteur, pour la gestion, l’asservissement mécanique et l’affichage / clavier. L’électronique répartie sur ces grandes cartes et nécessaire à la lecture du disque et à l’asservissement de la mécanique du DX-5 pourrait tenir aujourd’hui sur un circuit imprimé multicouches de la taille d’une main, alimentation exclue, avec tout au plus un DSP, quelques drivers, un microcontrôleur et un DAC, le tout en boitiers CMS fortement miniaturisés.
Dans les six mois qui ont suivi la commercialisation des premiers lecteurs de Compact Disc au japon, la quasi totalité des grands fabricants de matériel audio est parvenue à proposer un appareil, dont le développement à débuté parfois très tôt (1981 pour le Pioneer P-D1 et le Technics SL-P10). Tous devaient montrer leur savoir-faire et affirmer leur présence en temps et en heure sur le tout nouveau marché du CD. Ainsi, plusieurs modèles de toute évidence finalisés à la hâte ont subi de nombreuses modifications après le début de production alors qu’ils étaient déjà dépassés techniquement, à une époque où chaque mois écoulé apportait son lot d’améliorations dans la course à l’intégration électronique et à l’innovation d’une manière générale. Les modèles phares Sony et Philips ont probablement été les plus aboutis, en terme d’équipement pour le premier, et de conception électronique / mécanique et simplicité d’utilisation pour le deuxième.
A l’instar du Pioneer P-D1, le Onkyo est livré sans télécommande, ne possède pas de sortie audio à niveau variable ni de sortie pour casque d’écoute, ce qui peut être considéré comme une erreur stratégique vu la présentation haut de gamme du lecteur et un tarif de 250 000 yens, tarif équivalent à celui du Yamaha CD1 et supérieur à celui du Nec CD803 affiché à 215 000 yens ; d’autant que l’interface utilisateur du DX-5 surprend : le mode opératoire pour le changement de piste avant ou arrière est incroyablement déroutant puisque la fonction de programmation doit obligatoirement être utilisée. Il faut, en cours de lecture, entrer le numéro du morceau suivant ou précédent ou tout autre numéro de piste, le mémoriser en pressant la touche "WRITE", puis ensuite appuyer sur la touche "MEMORY PLAY". Un nouveau changement de piste nécessite d’entrer le nouveau numéro désiré, puis de presser deux fois la touche "MEMORY PLAY" afin de désactiver puis de réactiver cette fonction pour accéder au morceau souhaité. La programmation de lecture ne permet de mémoriser que 4 pistes, ce qui n’est pas vraiment gênant, sauf que cette fonction de programmation, souvent peu utile, le devient sur ce lecteur du fait de la manipulation complexe nécessaire au simple changement de piste. Mais ce n’est pas tout : à la touche "SEARCH" est assignée la fonction qui sera plus tard nommée "Scan" ou "Intro Scan" pour le balayage du disque avec lecture des 10 ou 15 premières secondes de chaque piste. Le DX-5 montre si besoin était que les constructeurs ne s’étaient pas du tout accordés sur une standardisation des appellations des diverses fonctions / effets spéciaux proposés à l’utilisateur, mais c’est aussi ce qui fait le charme de ce genre de machine.
Deux petits afficheurs à tubes fluorescents (VFD) sont utilisés : un pour le morceau et le temps de lecture en cours et l’autre pour l’affichage des numéros des pistes programmées. Ce double affichage sera d’ailleurs conservé par Onkyo sur les modèles suivants jusqu’aux années 90, sur un unique afficheur cependant. Malheureusement, seul l’affichage du temps écoulé du morceau en cours est proposé sur le DX-5, l’affichage de la durée du disque et du temps restant n’ayant pas été prévus par le constructeur. Cette lacune est plus ou moins compensée par l’échelle graduée située sur la partie droite de la zone d’affichage, le long de laquelle progresse un affichage à Leds s’éclairant l’une après l’autre à mesure que le temps s’écoule, par lecture du potentiomètre linéaire connecté au bloc optique. Cette échelle propose une double indication : deux minutes par intervalle entre deux graduations et marquage de 25 en 25, de 0 à 100 % du rayon maximal du disque (ou de la course du bloc optique) ce qui permet d’apprécier grossièrement le temps écoulé depuis le début du disque.
Les petits défauts énumérés sur cette fiche n’empêchent en rien le DX-5 d’être un lecteur exceptionnel, par sa rareté d’abord, mais aussi pour sa fabrication sans concession et son esthétique. Onkyo reverra tout de même très vite sa copie avec la commercialisation du DX-300, qui proposera de réelles améliorations techniques et fonctionnelles.
Pour apprécier la configuration interne du lecteur et visionner une courte vidéo du DX-5 en fonctionnement, visitez la page de la rubrique "Atelier" consacrée à la réparation de l’exemplaire présenté sur cette page en cliquant sur ce lien.
Le document publicitaire japonais montré ci-dessous est daté de septembre 1982. Il montre le DX-5 avec l’inscription "Digital Audio Disc Player", alors que l’exemplaire présenté sur cette page, sorti d’usine en mars 1983, affiche "Compact Disc Player".