A l’atelier... (page 81)

21/03/20

Les lecteurs CD de première génération Sanyo DAD-8, CP-200 et CP-300 sont tous équipés d’un plastron recouvrant le clavier à commutateurs tactiles. Ce plastron se décompose dans le temps, plus ou moins vite, selon les conditions hygrométriques de stockage de ces appareils.
Cet article concernant la remise en état d’un Sanyo DAD-8 montre une manière économique de procéder au remplacement du plastron composé de trois éléments, afin de rendre cet appareil plus présentable.

Pour commencer, je propose quelques photos de la réparation / révision du lecteur, sur lequel j’ai finalement dû remplacer le bloc optique. Je n’ai pas pris de photos, mais le prisme polarisant et le collimateur présentaient des traces de moisissures altérant irrémédiablement le chemin optique.

Sanyo DAD-8

Le lecteur est en panne. La lecture est très difficile voire impossible, le signal RF est flou. Extraction de la mécanique (dépourvue de courroie)

Entretien mécanique, chargement du disque, tracking. Vue du moteur disque DC

Tentative de nettoyage du bloc optique, vue de la carte HF solidaire de l’optique

Remontage et vue de la carte Servo située au dos de la mécanique

Les photos suivantes montrent le lecteur en fonctionnement, après pose d’un autre bloc optique et alignement électrique.
Le clavier du DAD-8 embarque 15 Leds rouges carrées. Pour la finition, j’ai remplacé plusieurs de ces Leds rouges par des Leds vertes ou jaunes selon les fonctions auxquelles elles sont affectées.

Sanyo DAD-8

Lecteur fonctionnel et remplacement de Leds

Sans aller beaucoup plus avant dans la restauration, j’ai décidé de remplacer les condensateurs électrolytiques aluminium de la partie alimentation. La vérification à l’ESR-mètre des condensateurs retirés a montré que ces composants Sanyo étaient en parfait état (voir mesures photos). Vu qu’ils étaient ôtés, j’ai tout de même posé les nouveaux composants, après retrait de la colle néoprène du circuit imprimé.

Sanyo DAD-8

Remplacement et mesure des condensateurs électrolytiques de la carte d’alimentation

Voici l’opération de remplacement du plastron.
Les photos montrées à la suite proviennent de deux exemplaires de DAD-8, car j’ai d’abord utilisé un DAD-8 en mauvais état cosmétique pour examiner l’aspect de surface des touches du clavier afin d’adapter au mieux un nouveau plastron sur le lecteur à restaurer :

Sanyo DAD-8

Le plastron d’origine est totalement friable, rien ne peut être fait pour le sauver

Le plastron en miettes, et une vue des touches partiellement transparentes pour l’éclairage des Leds

Les nouveaux éléments du plastron sont faits maison. Il s’agit d’une impression laser sur papier indéchirable polyester, plastifié après impression. La première étape a consisté à redessiner le plastron en respectant au mieux les sérigraphies et couleurs d’origine avec marquage des zones à percer (éclairage Leds, embase pour branchement du casque et bouton du potentiomètre de réglage de niveau de sortie pour le casque). La deuxième étape, un peu délicate, a consisté à percer le plastron aux endroits voulus à l’aide d’emporte-pièces de différents diamètres. Des morceaux de film transparent sont collés au dos des perçages pour les Leds.
Le montage des 3 éléments de plastron n’est pas si simple car la rigidité de ces impressions plastifiées ne permet pas d’obtenir le débattement nécessaire pour actionner les commutateurs tactiles. L’astuce consiste à coller les éléments de plastron à l’aide d’adhésif double face "mousse" (ruban mousse EPDM) de trois millimètres d’épaisseur, sur le pourtour des zones à "plastronner", et de coller des surépaisseurs rigides au milieu des touches. Les photos sont plus parlantes qu’un long discours. Ce bricolage suffit à lui seul pour opter pour la fabrication d’un plastron chez un professionnel (voir plus bas).
On notera que les éléments de plastron sont imprimés recto verso car j’ai utilisé une face pour procéder à des essais de couleurs, le papier indéchirable étant assez onéreux. Voici la préparation et la mise en place du plastron sur le lecteur cible :

Sanyo DAD-8

Même traitement pour le lecteur à restaurer. On distingue les moisissures sur certaines parties du plastron

Les touches sont démontées pour nettoyer parfaitement les traces de colle. Quelques bandelettes d’adhésif sont insérées entre deux rangées de touches pour soutenir le plastron, et des réhausseurs de touches rigides sont collés sur la première partie du montage

Principe identique pour les autres éléments

Il s’agit d’une solution permettant de refaire un plastron à moindre coût. Le résultat est satisfaisant à mon goût, mais ce procédé par impression maison est plus adapté pour la réfection de sérigraphie de touches, telle que montrée sur la page consacrée à la remise en état du Philips CD304

Sanyo DAD-8 - Résultat final

Il existe d’autres solutions un peu plus onéreuses, mais plus qualitatives visuellement et techniquement : plusieurs sites internet chinois proposent des tarifs très intéressants et un délai de traitement record pour la refabrication de tous genres de plastrons et claviers souples. Il suffit de rentrer les paramètres (dimensions, épaisseur, couleurs et nombre de couleurs, matériaux, quantité, etc.) directement dans un formulaire à choix multiples, puis de téléverser votre modèle (fichiers .jpg et .pdf tolérés). Le tarif approximatif pour un plastron tel que celui présenté ci-dessus se situerait selon moi dans une fourchette de 20€ à 40€ pour 10 pièces commandées, au jour où j’écris ces lignes, avec une éventuelle découpe à faire soi-même pour séparer les 3 éléments du plastron afin de limiter le coût.
Les réalisations sont de bonne qualité et assurément de qualité suffisante pour un matériel grand public. Les photos suivantes proviennent d’un autre projet réalisé par ce biais, pour illustration :

Exemple de plastron réalisé par un professionnel

Exemple de plastron réalisé par un professionnel. Finition PET brillante avec fenêtre, filtre infrarouge et zones transparentes pour l’éclairage des Leds

04/05/20
Technics SL-XP7

La rédaction de la fiche descriptive du SL-XP7, premier baladeur CD Technics, est l’occasion de mettre à nu cette exceptionnelle machine - âgée de 35 ans à l’instant où j’écris ("au jour d’aujourd’hui" comme aiment à bêler les moutons) - et de prendre quelques photos.
Le modèle présenté ici date de janvier 1986 et est parfaitement fonctionnel. Pour posséder la majorité des premiers lecteurs CD portables commercialisés, je peux affirmer qu’il est rare de n’avoir que si peu de maintenance à effectuer sur ce type de matériel.
J’ai profité du démontage pour nettoyer les contacts du potentiomètre de volume, ce qui est bien une mince affaire. Le fait est que la plupart des SL-XP7 disponibles sur le marché de l’occasion sont fonctionnels, hormis bien entendu le cas d’une éventuelle usure du bloc optique ; l’explication est simple : Technics a choisi de s’affranchir du convertisseur DC/DC monté sur la majorité des premiers lecteurs CD portables, ce qui permet un gain d’espace non négligeable, en plus d’une fiabilité accrue.
Ce convertisseur, aussi appelé convertisseur Buck ou hacheur série, permet de délivrer plusieurs tensions continues abaissées (+5 V, - 5 V ou autres) à partir de la source d’alimentation externe continue (bloc d’alimentation, piles, batteries rechargeables) de 9 V ou 6 V DC généralement, en assurant une perte d’énergie minimum par hachage de la tension d’entrée à fréquence élevée. Le but de ce montage est évidemment de limiter au maximum la puissance consommée par le baladeur en utilisation nomade afin d’en augmenter l’autonomie.
Les inconvénients du montage sont liés aux perturbations à haute fréquence provoquées par la commutation des interrupteurs de découpage du convertisseur, perturbations peu compatibles en règle générale avec les systèmes audio de haute qualité.
Le fait de s’affranchir de ce type d’alimentation permet non seulement d’éliminer la principale source d’EMI, mais également de minimiser le risque de panne à plus ou moins long terme. En effet, le ou les condensateurs électrolytiques aluminium de filtrage montés en sortie de ces convertisseurs sont fortement sollicités en raison de la fréquence élevée du courant d’ondulation à laquelle ils sont soumis. Ceci explique la panne principale rencontrée sur les baladeurs qui sont équipés d’un tel hacheur série, tels que les Sony D50 et D-50MK2, le Kenwood DPC-7 et beaucoup d’autres.
Bien que soigneusement sélectionnés par les concepteurs (ESR minimum, tenue en température), la résistance série de ces condensateurs augmente progressivement par échauffement et dégradation de l’électrolyte qui voit sa conductivité diminuer progressivement. L’augmentation de l’ESR a pour conséquence une perte de capacité et in fine un fuite de l’électrolyte.
Ces phénomènes sont accélérés sur ce type de matériel (baladeur CD miniaturisés) du fait de la contrainte d’espace disponible qui limite la taille de ces condensateurs, et donc l’optimisation de leurs caractéristiques lors de la conception.
Aucun souci de ce côté sur le SL-XP7, qui est alimenté au choix via le bloc externe SH-CDA3U délivrant ± 10 V DC, via les batteries rechargeables Ni-Cd du boîtier de transport SH-CDB7 délivrant ± 6 V ou via le boîtier à piles SH-CDB6 délivrant ± 7,5 V.

Note : précisons que les tensions symétriques délivrées par le bloc d’alimentation secteur (transformateur, redressement et filtrage) nécessite un connecteur spécifique à trois contacts ; l’absence ou la perte de ce boitier d’alimentation peut donc s’avérer problématique.

Revers de la médaille, le SL-XP7 consomme davantage que les appareils concurrents ayant fait le choix inverse. On note au passage que Technics utilise des batteries de technologie Ni-Cd plus légères, alors que le Discman Sony, disponible quelques mois plus tard, conserve une batterie rechargeable au plomb.

Pas de panne donc, mais un coup d’œil aux entrailles vaut la peine, avec pour commencer un aperçu du superbe bloc mécanique avec son bâti en Zamak, et son ingénieux mécanisme de tracking : vis sans fin d’axe de moteur en laiton, crémaillère métallique tournée vers l’intérieur pour une meilleure répartition des forces, et réduction de vitesse via plusieurs roues engrenages dont la plus grande est fixée sur l’axe du moteur disque, au-dessus du rotor !

Technics SL-XP7

La mécanique, avec les éléments dédiés au tracking

Voici le bloc optique S0AD10A. Faible hauteur, labellisé FF1 pour Fine Focus 1 - Focus fin, mono faisceau - très semblable au bloc optique S0ALP1200 équipant le Technics SL-P1200 :

Technics SL-XP7

Le bloc optique S0AD10A

Quelques vues des divers éléments composant le boîtier, les touches, le système de verrouillage de trappe, etc. :

Technics SL-XP7

Le coffret faisant la part belle au métal. La finition est exemplaire

Le bandeau avant, en métal lui aussi, et les touches en matière plastique à l’aspect métallique. À droite, le cache en tôle sous lequel est fixé le bloc mécanique

Le système de verrouillage de trappe

L’électronique avec les deux cartes "Servo" et "Digital" :

Technics SL-XP7

La carte "Digital" avec l’afficheur LCD, le microcontrôleur CMOS 4-Bits / contrôleur d’afficheur LCD de référence MN15845, et le DSP MN6617

La carte Digital vue de dessus avec les trois connecteurs carte à carte qui permettent d’assembler les deux cartes Digital et Servo. Vue de dessous, avec les circuits SMD, de gauche à droite : RAM, DAC, et Data slice / PLL. L’étiquette XP7 JVC indique que la carte était destinée à la fois au lecteur Technics et au clone JVC XL-R10. La dernière photo montre la carte Servo côté composants traversants

La carte Servo côté SMD, avec le circuit d’asservissement de la tête optique (Focus, Tracking, APC, ampli RF). À droite de la carte, le switch pour la mise en lecture / pause. Les trimmers pour l’alignement électrique qui nécessite un kit spécifique sans quoi la prise de mesures et les réglages sont très fastidieux. La prise casque et le potentiomètre de volume

Le bâti mécanique sans le bloc optique, et le moteur disque DD :

Technics SL-XP7

Le bâti en Zamak ou alliage similaire, et le moteur disque. Le driver est spécifique au SL-XP7

L’ensemble mécanique complet remonté :

Technics SL-XP7

Le bloc mécanique du Technics SL-XP7

À suivre, quelques photos prises pendant le remontage. Quelques vis suffisent pour remonter l’ensemble et chose rare, le fer à souder n’est pas nécessaire :

Technics SL-XP7

Le lecteur est remonté par étape, mécanique, carte Servo, carte Digital. L’ensemble peut aussi être démonté / remonté sans séparation de ces trois éléments, pour un test fonctionnel sans le coffret du lecteur par exemple, ou pour une reprise de l’alignement électrique ou de la hauteur du moteur disque

Enfin, quelques photos du baladeur. Une vraie réussite que cet appareil, même si cela reste subjectif :

Technics SL-XP7

Ici dans sa finition "Silver", et en compagnie d’un lecteur de salon commercialisé de 1983 à 1984 (Philips CD202), soit environ 2 ans plus tôt.

Technics SL-XP7 (Silver)

Le SL-XP7 est rapidement remplacé par le SL-XP5. Cette mise à jour permet à Technics de proposer un lecteur aussi réduit que le Sony Discman et doté des mêmes atouts. Commercialisé vers août 1986, ce remplaçant est esthétiquement très proche du SL-XP7, mais ici s’arrête la comparaison. Le SL-XP5 subit une cure d’amaigrissement grâce à quelques évolutions techniques telles que le circuit imprimé unique double face garni de composants CMS et le montage d’un bloc optique différent (S0AD40A). Le filtrage numérique (MN6618 idem SL-P1200) fait son apparition en amont du convertisseur PCM55HP, le driver moteur disque évolue vers un modèle à pilotage PWM (AN8290S idem SL-P1200), la gestion des différents mode d’alimentation est modifiée, et la batterie Ni-Cd (SH-CDB5) devient enfichable sous le lecteur.
En résumé, par rapport au Sony Discman D-50MK2, le SL-XP5 se fait un peu plus léger, il est doté d’un filtre numérique, mais il se montre un peu plus énergivore.
Malheureusement, ce modèle est peu recommandable en tant qu’objet de collection du fait de la fragilité du capot qui finit systématiquement par se fendre sur sa partie arrière en raison de la force exercée par les charnières. Technics proposera tardivement (en 1988) un kit permettant de renforcer cette zone fragile afin d’éviter la casse. De plus, la finition et l’organisation internes ne sont pas du tout du même acabit que celles du SL-XP7. Le fabuleux bloc mécanique de ce dernier est remplacé par une mécanique montée sur bâti en plastique, et la mécanique de tracking toujours à crémaillère métallique mais cette fois orientée vers l’extérieur, est moins élaborée. Pour le reste, une photo de l’intérieur vaut mieux qu’un long discours :

Technics SL-XP5

Photos d’une épave - La qualité du montage est beaucoup plus "économique" - On observe de nombreuses modifications après production

L’observation de ces petits jouets pour adultes nostalgiques révèle à quel point l’ensemble des technologies appliquées au système de lecture optique par laser "Compact Disc" ont évolué en l’espace de 2 ou 3 ans, à tel point qu’on peut se faire la réflexion suivante : n’aurait-il pas fallu moins se précipiter pour commercialiser les lecteurs CD de première génération ? Leur poids avoisinait fréquemment les 10 kg (on pourrait évoquer le bilan carbone...), pour une fiabilité moyenne assez discutable du fait de composants optiques et électroniques totalement nouveaux qui font aujourd’hui bien souvent figure de prototypes. Blocs optiques surdimensionnés, modifications électroniques répétées en cours de production sur la totalité des modèles, section mécaniques ultra-complexes, circuits d’asservissements discrets requérant une infinité de réglages selon des procédures constructeur pour le moins compliquées et nécessitant d’indispensables kits de maintenance. Comparons simplement un Technics SL-P10, toujours proposé au catalogue de la marque au premier semestre de l’année 1984 avec le SL-XP7 présenté sur cette page et commercialisé une quinzaine de mois plus tard (seulement !). Le fossé technologique entre ces deux lecteurs est impressionnant.
Nul doute que les techniciens de maintenance contemporains ne devaient pas se ruer sur ces machines en panne, malgré l’acquisition nouvelle de connaissances dans le domaine de l’audio numérique via d’indispensables formations délivrées par les constructeurs. Si un visiteur de ce site souhaite témoigner, qu’il n’hésite pas à me contacter ;).
Quoi qu’il en soit, ce choix de commercialisation précoce aura fait le bonheur, quelques décennies plus tard, de nombreux chasseurs de dinosaures. Je présenterai d’ailleurs prochainement le rarissime lecteur Onkyo DX-5, qui attend son tour pour une réparation. Quelques autres raretés sont au programme.

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